L’Épistémogénie civilisationnelle : genèse des savoirs au prisme de la Natiométrie.

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En introduisant le concept d’épistémogénie civilisationnelle, la Natiométrie apporte une contribution majeure à la compréhension du rapport entre savoir et devenir historique. Elle redonne au savoir une épaisseur symbolique, un enracinement organique et une vocation transformatrice.

 

Résumé


La Natiométrie, en tant que discipline émergente, propose un cadre d’analyse inédit du phénomène « nation » en tant que méta-système vivant. Dans cette perspective, elle introduit le concept original d’« épistémogénie civilisationnelle » : un processus par lequel les civilisations génèrent, organisent et transmettent leurs structures de savoir selon des dynamiques historiques, culturelles et psychiques propres. Cet article propose de définir ce néologisme, d’en explorer les fondements, et d’en dégager la portée théorique et méthodologique pour les sciences sociales et la philosophie des sciences.

 

I. Introduction : une naissance natiométrique du concept.

Le terme épistémogénie, absent des grandes traditions philosophiques antérieures à la Natiométrie, naît dans le contexte d’un besoin : celui de penser la genèse des savoirs non pas uniquement comme un développement logique ou expérimental, mais comme un événement civilisationnel, organique et structurant. Dans cette optique, la Natiométrie se distingue en attribuant au savoir une dimension métasystémique, liée à la morphogénèse des nations. Ce néologisme devient ainsi un point de bascule entre épistémologie, anthropologie et métaphysique politique.

 

II. Genèse du concept : savoir, nation et temporalité.

L’épistémogénie civilisationnelle repose sur un double postulat :

  1. Le savoir n’est pas un simple produit de l’intellect individuel, mais une cristallisation de la conscience collective d’un groupe humain dans le temps.

  2. Chaque nation, en tant que système organique, engendre une matrice cognitive spécifique qui détermine son rapport au monde, à la nature, à l’autre et à elle-même.

L’histoire des civilisations montre que les grands systèmes de savoir – religieux, philosophiques, techniques – émergent non pas en dehors des nations, mais en leur sein, comme expressions d’un moment ontologique. L’Égypte antique, la Grèce classique, l’Inde védique ou l’Islam médiéval n’ont pas simplement transmis des savoirs : elles ont engendré des formes d’épistémogénie propre, à la fois ancrées dans le mythe, le cosmos et la langue.

 

III. Définition et typologie : qu’est-ce qu’une épistémogénie civilisationnelle ?

Nous proposons de définir l’épistémogénie civilisationnelle comme :

le processus par lequel une nation ou une civilisation produit, organise et institue un système de savoirs en cohérence avec son champ symbolique, ses dynamiques sociales, et ses structures psychiques collectives.

À partir de cette définition, la Natiométrie distingue plusieurs types d’épistémogénies :

  • Mythogénique : lorsque le savoir émerge du récit sacré (ex. : cosmogonies, généalogies divines).

  • Théologogénique : savoir structuré par un dogme religieux (ex. : scolastique, Kalam, théologie hindoue).

  • Philosophogénique : savoir fondé sur la raison, l’être et le logos (ex. : Grèce classique, Lumières).

  • Technogénique : domination du savoir technique et scientifique, souvent dans une logique d’utilitarisme (ex. : modernité occidentale).

  • Cybernétogénique : nouvelles formes de savoir issues des logiques numériques, algorithmiques et informationnelles (ex. : époque contemporaine post-industrielle).

 

IV. Dynamique et temporalité : une lecture cyclique et systémique.

L’épistémogénie n’est pas un événement ponctuel, mais une dynamique inscrite dans le temps long. La Natiométrie propose d’en analyser les cycles en lien avec le cadran civilisationnel du Natiomètre, dont les phases de gestation, de floraison, de crise et de mutation correspondent à des formes distinctes d’engendrement du savoir.

Ce cycle permet aussi d’évaluer les périodes de transition épistémogénique, où les anciens savoirs se délitent sans que de nouveaux ne soient encore constitués. Ces périodes, marquées par une perte de sens, une crise de transmission ou une déconnexion entre science et société, nécessitent une attention particulière dans l’étude des effondrements ou des renaissances civilisationnelles.

 

V. Implications méthodologiques et épistémologiques.

L’introduction de l’épistémogénie dans le champ scientifique n’est pas qu’un enrichissement terminologique : elle impose un déplacement paradigmatique. Elle invite à :

  • Penser les sciences non plus comme universelles a priori, mais comme le produit de contextes civilisationnels déterminés.

  • Mettre en lumière les épistémè invisibles, ces matrices culturelles souvent implicites qui orientent la production du savoir.

  • Réhabiliter les savoirs oubliés, minorés ou subalternisés dans l’histoire des sciences mondialisées.

  • Réconcilier science et culture, en replaçant la production cognitive dans l’histoire des sensibilités collectives.

 

VI. Vers une cartographie natiométrique des épistémogénies.

L’un des apports majeurs de la Natiométrie réside dans sa capacité à modéliser les dynamiques épistémogéniques à travers des équations différentielles, des espaces de phase, et des représentations graphiques du temps civilisationnel. Le Natiomètre devient alors un instrument de diagnostic et de projection, permettant :

  • d’identifier les ruptures dans la chaîne de transmission des savoirs,

  • d’évaluer les zones géographiques et culturelles en situation de stagnation ou de renouvellement cognitif,

  • de favoriser les conditions d’une nouvelle épistémogénie, harmonisée avec les exigences du XXIe siècle (durabilité, pluralisme, coopération transnationale).

 

Conclusion :

une conscience natiométrique du savoir.

En introduisant le concept d’épistémogénie civilisationnelle, la Natiométrie apporte une contribution majeure à la compréhension du rapport entre savoir et devenir historique. Elle redonne au savoir une épaisseur symbolique, un enracinement organique et une vocation transformatrice. Dans un monde en quête de sens, d’orientation et de refondation cognitive, cette perspective ouvre la voie à une science des sciences, enracinée dans l’histoire des peuples et tournée vers l’avenir commun de l’humanité.

 

Amirouche LAMRANI et Ania BENADJAOUD.

Chercheurs assciés au GISNT.

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