Cette article n'est q'une ésquisse.
Résumé :
Cet article introduit et développe le concept d’épistémogénie civilisationnelle, néologisme issu de la Natiométrie. Il désigne l’étude des conditions historiques, culturelles et systémiques dans lesquelles naissent, se structurent et se transforment les savoirs au sein des civilisations. En plaçant l’évolution des systèmes de connaissance au cœur de l’analyse du phénomène nation, la Natiométrie offre une grille de lecture inédite, croisant ontologie, histoire des idées, et dynamique civilisationnelle.
1. Introduction : un nouveau regard sur la genèse des savoirs.
L’histoire des sciences s’est souvent contentée de décrire les découvertes, les ruptures paradigmatiques ou les trajectoires individuelles de savants. Mais une question demeure : dans quelles conditions une civilisation donne-t-elle naissance à un type particulier de savoir ? Autrement dit, quels sont les contextes politiques, culturels, psychiques, symboliques, ou géographiques qui façonnent l’apparition et l’évolution des systèmes de pensée ?
Pour répondre à cette question, la Natiométrie introduit le concept d’épistémogénie civilisationnelle : une approche qui envisage la production du savoir comme un phénomène structurant et structuré par la dynamique même des nations.
2. Définition du concept : de l’épistémè à l’épistémogénie.
Le terme « épistémogénie » est un néologisme créé dans le cadre de la Natiométrie. Il combine les racines grecques epistêmê (science, savoir) et genesis (naissance, génération). Il ne s’agit pas simplement de retracer une histoire des savoirs, mais d’en analyser la genèse structurelle au sein des cycles civilisationnels.
La Natiométrie, en tant que science systémique des dynamiques nationales, considère que chaque nation, en tant que méta-système, engendre des régimes cognitifs spécifiques, des configurations symboliques et des dispositifs épistémiques particuliers. L’épistémogénie désigne donc l’ensemble des forces, structures et contraintes internes et externes qui président à la naissance, au déploiement et au déclin d’un régime de savoir.
3. Origine disciplinaire : la Natiométrie comme matrice conceptuelle.
Le concept d’épistémogénie n’existait pas, jusqu’à présent, dans les corpus philosophiques ou scientifiques classiques. Il constitue l’une des inventions fondamentales de la Natiométrie, science née au XXIe siècle pour penser les nations comme des objets dynamiques, physiques et quantifiables.
En mobilisant des outils empruntés à la physique théorique (notamment les espaces de phase, les équations différentielles, et les cycles solaires de 128 ans), mais aussi à l’anthropologie symbolique et à l’histoire des idées, la Natiométrie propose une approche transdisciplinaire du savoir : chaque nation est un système producteur de sens, de vérité et d’organisation cognitive.
4. Dimensions de l’épistémogénie civilisationnelle.
L’épistémogénie telle que formulée par la Natiométrie comprend plusieurs dimensions interconnectées :
a. Ontologique :
Chaque civilisation articule une manière propre de concevoir l’Être, le monde, le sacré, et la vérité. C’est cette vision de l’être qui fonde la possibilité même de l’épistémè.
b. Structurelle :
Le système politique, les institutions éducatives, la langue, les médias et les dispositifs techniques conditionnent la transmission, la validation et la reproduction des savoirs.
c. Symbolique :
Les mythes, les récits fondateurs, les textes sacrés ou les œuvres philosophiques majeures façonnent les formes de pensée légitimes dans une société.
d. Dynamique :
L’épistémogénie n’est pas statique : elle suit les grands cycles du Natiomètre, rythmés par des périodes d’ascension, d’apogée, de crise et de mutation.
5. Étude de cas : l’œuvre de Martianus Capella comme matrice épistémogénique :
Dans le contexte de la dislocation de l’Empire romain d’Occident, le philosophe numide Martianus Capella élabore une œuvre synthétique — De Nuptiis Philologiae et Mercurii — qui fusionne cosmologie, rhétorique, mathématiques et musique en une structure cohérente.
Cette œuvre n’est pas simplement un manuel savant. Elle témoigne d’une épistémogénie civilisationnelle numide, dans laquelle l’ordre des savoirs cherche à conjurer le chaos politique. L’œuvre de Capella devient ainsi une structure de résistance par la connaissance : une architecture cognitive offerte au futur.
6. Enjeux contemporains : vers une lecture natiométrique de l’histoire des idées :
L’introduction du concept d’épistémogénie ouvre une nouvelle voie pour analyser les savoirs non comme des entités universelles et abstraites, mais comme des productions historiques, civilisationnelles, et souvent invisibles dans les récits dominants.
En ce sens, la Natiométrie rejoint les efforts de la philosophie décoloniale, de l’épistémologie des Suds et de la géopolitique des savoirs, tout en leur offrant un cadre systémique et algorithmique inédit.
Conclusion :
une science pour repenser la mémoire du savoir.
L’épistémogénie civilisationnelle est un outil conceptuel majeur de la Natiométrie. Elle permet d’envisager chaque civilisation non seulement comme productrice d’histoire, d’art ou d’économie, mais surtout comme productrice de formes de connaissance. Comprendre comment naissent les savoirs, c’est comprendre comment se constituent les mondes.
Et si les savoirs étaient les racines invisibles des nations visibles ?
Et si chaque nation portait, en son cœur, un chant silencieux : celui de sa propre épistémogénie ?
Notes
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Le terme épistémogénie n’existait pas dans les corpus classiques. On le distingue de l’« épistémologie génétique » de Jean Piaget, qui portait sur l’ontogenèse des facultés cognitives.
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La Natiométrie se fonde notamment sur un cycle de 128 ans, inspiré des inversions du champ magnétique solaire, pour modéliser les dynamiques nationales (voir Cadran du Natiomètre).
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Martianus Capella, De Nuptiis Philologiae et Mercurii, Vᵉ siècle.
Amirouche LAMRANI et Ania BENADJAOUD.
Chercheurs associés au GISNT.