Au-delà de la fascination pour la performance boursière de certaines des plates-formes
GAFAM ou de la dénonciation de leur toute-puissance et de leurs interventions dans
toutes les affaires du monde, comment peut-on penser l’émergence de ces entités d’un
genre inédit ? Ne sont-elles finalement que l’extension des classiques multinationales,
l’expression achevée de la globalisation, la manifestation des effets de réseaux,
l’aboutissement classique de la dynamique des monopoles ? Comment peuvent elles en
arriver à menacer à ce point la souveraineté des états ? Ont-elles sérieusement des
projets de souveraineté ? Contrôlent-elles vraiment quelque chose comme un territoire ?

Ce phénomène, tout récent mais puissant, exige de revisiter les concepts classiques des
relations internationales, des firmes et de la conception des territoires et de la
souveraineté. Ce research paper prétend y contribuer en proposant une lecture
stratégique du statut de ces plates-formes et en considérant que les institutions des
Etats-nations sont à un moment historique-clé dont il faut bien comprendre les ressorts.
Le tableau se veut de longue durée malgré l’émergence toute récente de ces entités
mais aussi documenté sur les constituants de ces plates-formes pour comprendre ce qui
les fait tenir avec la puissance qui est la leur. L’histoire comparée des architectures du
numérique et celles des Etats-nations sera principalement mobilisée, sans toutefois la
technicité documentaire que devrait requérir un tel projet. L’insistance sera mise sur des
propositions conceptuelles, des modèles analogiques, tous destinés à stimuler notre
pensée collective sur ce qui nous arrive et qui met en forme à la fois nos vies
quotidiennes et la vie économique et institutionnelle de notre monde.

PUISSANCE DES PLATES FORMES NUMERIQUE..pdf